La discrimination des PVVIH : Un problème d’informations
Mme Aline Yamdjeu, Enseignante ?Chercheur au Département de psychologie à l’Université de Yaoundé I nous parle du phénomène de stigmatisation et de discrimination.
Comment définit-on stigmatisation et discrimination ?
La discrimination est le fait de percevoir les autres différemment, les distinguer, les séparer, les traiter inégalement, les mettre à l’écart par des lois qui rendent leurs modes de vie différents. La stigmatisation quant à elle, est l'action de stigmatiser. C'est une action ou une parole qui transforme une caractéristique, un comportement, une déficience, une incapacité ou un handicap d'une personne en une marque négative ou d’infériorité. Elle est, en général, la conséquence d'une désinformation et de l'existence de stéréotypes sur un sujet donné.
Quels peuvent être les méfaits de la stigmatisation et de la discrimination des PVVIH ?
Nous pouvons dire que les méfaits sont d’une part, d’ordre psychologique dans la mesure où, lorsque le malade est au courant de son statut sérologique, il a non seulement peur du regard des autres, mais aussi de pouvoir garder la forme. Ce qui le conduit très souvent à ce que les scientifiques appellent auto- discrimination qui est le repli sur soi-même. En famille, avec des collègues ou des amis, les PVVIH sont très souvent mis à l’écart comme des parias de la société. Le fait d’indexer un PVVIH l’amène à se sentir rejeté de la société et le conduit immédiatement à vivre en autarcie pour ne plus être exposé aux moqueries et aux comportements hostiles de son entourage. Il devient alors très timide et commence à développer des comportements agressifs vis-à-vis de ses proches et de lui-même car, très souvent, il se lance dans la consommation de l’alcool et du tabac pouvant conduire au suicide.
Stigmatisation et discrimination des PVVIH : problème d’absence d’information ou mauvaise information ?
La majorité des comportements adoptés face aux PVVIH provient du manque d’informations ou de la mauvaise information que la plupart des gens ont en ce qui concerne la transmission du VIH/Sida. Parmi ces clichés, nous avons:
« Les mères séropositives transmettent forcément le Sida à leurs enfants ». A cela, je dirai non, car les risques infectieux augmentent lors de l’accouchement à cause de la quantité de sang et de porosité des muqueuses. Mais une femme sous Anti Rétro Viraux durant la grossesse pourra mettre au monde des enfants séronégatifs. Le lait maternel pourrait aussi être un moyen de transmission donc l’allaitement est interdit à ce moment là.
« Le SIDA se transmet par les moustiques et les WC publics » : disons que les moustiques sont certes des agents vecteurs du paludisme et appartiennent au genre anophèles, ils ne sont cependant pas capables de transmettre le VIH. Et, on n’attrape pas le VIH/Sida dans les toilettes publiques à cause de l’hygiène douteuse.
« On peut contracter le Sida en s’asseyant sur la même chaise, en mangeant dans le même plat qu’une personne infectée ou en lui serrant la main »
Là encore, c’est une image que nous devons enlever de nos têtes car le virus du Sida ne vit pas dans l’air. Nous pouvons très bien partager les mêmes plats et les mêmes chaises avec une personne infectée sans toutefois contracter la maladie.
Comment faut-il vivre avec un PVVIH sans le blesser ?
Vivre avec un PVVIH est très simple car même séropositif, il reste un frère, un père, un ami, un camarade, un collègue etc. Nous devons par conséquent adopter des comportements sains en évitant toutes formes de stigmatisation et de discrimination pouvant mettre la personne infectée dans un mauvais état psychologique et physique. Les mauvais gestes et attitudes seront à éviter car, il a besoin d’être accepté dans la société pour s’épanouir. Nous devons éviter de faire comme si la PVVIH est fragile. Évitons aussi d’attirer l’attention des autres en dévoilant publiquement le statut d’une personne infectée car cela pourrait être très fatal pour son développement thérapeutique.