Allo Doc : Madame MISSIS ASSEKO’O Estelle Marie-Noëlle
Madame MISSIS ASSEKO’O Estelle Marie-Noëlle, chef du centre médico-social de l’université de Yaoundé I, parle des mesures mises en œuvre pour lutter contre la discrimination et la stigmatisation des étudiants vivant avec le VIH
Quelles sont les mesures mises en place au sein de l’université de Yaoundé I pour éviter cette stigmatisation et cette discrimination ?
Dans sa politique d’intégration de ces étudiants, l’université de Yaoundé I a mis sur pieds, comme mesure, une cellule d’écoute au sein du centre médico-social chargée de les encadrer et de les accompagner. Par exemple, ceux-ci ont prioritairement droit à un logement à la cité universitaire. Et dans les amphis, tout le monde est logé à la même enseigne. Ils peuvent même occuper des fonctions de responsabilité comme celui de délégué des étudiants. Une confidentialité stricte est observée au sujet des informations sanitaires les concernant.et c’est le cas aussi avec les étudiants victimes de harcèlement sexuel, de viol et ceux exposés à la drogue. Nous mettons également ces étudiants en contact avec des ONG partenaires pour un meilleur accompagnement social. Un apport matériel leur est également offert. Notamment en produits de première nécessité, comme du riz et du savon.
Quels sont les problèmes récurrents rencontrés chez les étudiants séropositifs qui viennent au centre ?
Il y a principalement le manque d’estime de soi. Au-delà du fait que nous mettons tout en œuvre pour les rassurer, nous mettons également un accent particulier sur ceux qui sont éloignés de leur famille, car, la solitude est un facteur psychologique très aggravant de leur état. D’où l’importance de cette cellule d’écoute, et c’est aussi pour cette raison que nous leur prêtons une oreille neutre qui ne les jugera pas, mais plutôt qui les comprendra et les assistera.
Face aux remarques et autres propos déplacés de certains camarades, quelles mesures utilisez-vous ?
Ici, nous misons toujours sur la discrétion. D’autant plus que le VIH ne se lit pas sur les visages. Nous faisons donc le maximum d’efforts pour garder leur statut confidentiel. Et pour maximiser la sensibilisation, nous travaillons, sous l’impulsion du recteur de l’université, avec le club santé comme relais pour passer les messages auprès de leurs camarades. Ainsi, nous les formons dans la paire-éducation, ceci avec l’appui de certains partenaires.
Et au sein même du centre médico-social, quelles sont les activités qui sont organisées ?
Dès le premier jour des préinscriptions jusqu’à la fin de l’année académique, sont organisés dans nos locaux des tests de dépistage gratuit, volontaires et anonymes des étudiants. De plus, lors des journées de célébration telles que la fête de la jeunesse et la fête nationale, nous organisons des activités de sensibilisations.
Quel message pour ces étudiants vivant avec le VIH-SIDA ?
Même avec le VIH, on peut réussir dans ses études académiques. Car le sida n’est plus une fatalité.
Propos recueillis par Joël MANGA KEDE