Viol incestueux : le voile des familles.
Dans 81% des cas, les victimes sont des mineurs et dans 94% des situations, les agresseurs sont des proches. C’est le résultat d’une enquête réalisée en 2014 par l’UNICEF. Une situation alarmante qui concerne de nombreuses familles qui, pour la plupart, ont décidé de garder le silence.
L'environnement familial est devenu le lieu où l’on trouve de nombreuses victimes de viol ou d’inceste. « J’ai été violé par mon cousin en 2013 au village pendant les vacances », Clarisse 17 ans se confie sur le sujet. Comme elle, une fille sur cinq et un garçon sur quatorze déclarent avoir déjà subi des violences sexuelles. Quand on parle de violence, les premiers coupables sont très souvent les oncles, les cousins, les voisins, le grand-père, etc.
La pauvreté et la promiscuité apparaissent comme des facteurs qui favorisent le viol et/ou l’inceste. En période de vacances par exemple, les filles et les garçons partagent leur chambre et très vite leur intimité. Une fois qu’un viol ou un cas d’inceste est déclaré en famille, la première recommandation est souvent de ne pas le divulguer. La plupart des victimes étant les jeunes filles, elles sont très souvent prises pour des menteuses et doivent passer des interrogatoires 10 ou 15 fois pendant lesquelles, elles doivent répondre à la question « tu es sûre ? ». Dans ce ballet d’interviews et selon le profil de la personne qui lui pose ces questions, la victime se met à douter d'elle-même et de ce qu’elle a vécu. La suite des évènements donne lieu à de nombreuses conséquences sur la santé mentale et physique de la victime. En effet, 96% des victimes agressées sont sujettes à l’anxiété, aux idées suicidaires, à la dépression et la liste est longue. Il en va de même pour les conséquences physiques, que connaissent 69% des victimes agressées, elles connaissent des douleurs chroniques, des troubles alimentaires, etc.
Pour le cas de l’inceste, les conséquences sont graves car, « plus l'agresseur est proche de la victime, plus il a d'autorité sur elle, et plus l'impact sur sa qualité de vie et le risque qu'elle tente de se suicider sont importants », précise le rapport.
Trop souvent, les auteurs d’inceste ou de viol s’en tirent avec un arrangement commun. Tout dépend du profil de l’auteur. S’il est riche, il pourra, par son statut au sein de la famille, bénéficier du soutien des autres membres qui feront tout pour le dédouaner. S’il est pauvre, les discussions seront beaucoup plus longues et on trouvera des issues pour que cela n’arrive plus. « Après m’avoir violé, lors du conseil de famille, mes oncles avaient décidé que mon cousin devait changer de ville et ne plus avoir aucun contact avec moi », poursuit Clarisse. Isolation, m ise à l’écart, quelques solutions rapides sont proposées en famille et adoptées pour conserver cette union familiale. Même si le maintien de la paix est louable par cette décision, toujours est-il qu’une fois ailleurs, tant qu’il n’aura pas été dénoncé et puni, le violeur ou l’auteur d’inceste fera d’autres victimes externes ou toujours au sein de sa famille.
Joel Manga Kédé
Source : Rapport de situation 2014 sur la prévention de la violence dans le monde