Victoire sur la stigmatisation et la discrimination
Charles Domingo Noubissi,
Cet ancien footballeur international séropositif s’est fait une place au soleil dans la lutte contre le Vih/sida tant sur le plan national que mondial.
Point besoin de se faire prier pour assumer son statut de personne vivant avec le Vih/sida. Charles Domingo Noubissi est plutôt fier de dire à qui veut l’entendre qu’il est séropositif depuis 1995. Il était alors footballeur international lorsqu’il vivant en Thaïlande apprend qu’il est infecté. Au plus fort des préjugés qui pesaient sur cette maladie au Cameroun où le Vih/sida rimait avec la mort, la mauvaise vie, la fin d’une vie amoureuse et d’une vie de famille avec procréation, etc.
Respectueux de la vie humaine, Charles Domingo Noubissi va faire un choix audacieux en 2000 : « Revenir dans son pays et se rendre utile à ses frères et sœurs», alors même qu’en Thaïlande il était sollicité par les autorités de ce pays pour la sensibilisation des étudiants des universités.
Seulement, il fois au pays, il va être repoussé, même par les siens. « Mon épouse était restée au pays lorsque je suis allé à l’étranger comme footballeur. Au retour lorsque je lui ai dit que j’étais infecté par le Vih, elle m’a abandonné avec nos trois enfants et elle est allée vivre avec un autre dont elle a eu un enfant », souffle-t-il. Mais sa détermination dans la lutte contre la stigmatisation et la discrimination des Pvvih va lui ouvrir une porte à l’ambassade d’Allemagne à Yaoundé. Il doit sensibiliser dans les églises et les associations. Il devient aussi membre du Réseau camerounais des personnes vivant avec le Vih (Recap+). Réseau qui compte plus de 100 associations. Son engagement fait de lui un acteur important de la défense des droits des Pvvih.
Très jovial, Charles Domingo Noubissi est toujours parti pour des rencontres nationales et internationales. C’est d’ailleurs comme participant à l’atelier des journalistes sur la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le Vih tenu du 25 au 27 juillet à Limbe dans la région du Sud-ouest que nous l’avons rencontré. Il enregistre des nombreuses prouesses dans le combat contre la pandémie. Activiste de première heure, il réjouit d’avoir contribué à l’éligibilité du Cameroun au Round 10, financements du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. « J’ai défendu le dossier avec succès. Il faut reconnaître qu’on ne peut pas débattre des problèmes d’un groupe en l’absence des concernés », soutient-il.
A 48 ans, Charles Domingo Noubissi, père de trois enfants, tous étudiants dans des universités, caresse encore de nombreux rêves. Il s’est donné une discipline de vie qu’il respecte scrupuleusement et qu’il enseigne aux autres. « Dans mon équipe du deux zéro (joueurs de football âgés de plus de 35 ans (Ndr)), je n’entre pas au stade au début du match. C’est à 10 minutes de la fin de la partie que je le fait. D’abord pour égaliser les but encaissés par mon équipe ensuite pour marquer au moins un but de victoire », dit-il entre deux blagues en souriant. Pour lui, les Pvvih ont moins de problèmes que les personnes non infectées. Et pour cause : « Ils savent ce qu’il faut faire et quand pour maîtriser leur mal », justifie-t-il.
Adrienne Engono Moussang, participantes atelier de lutte contre la S&D à Limbé