Quand la mode s’invite dans nos écoles

Tout pour se faire remarquer. Les jeunes adoptent la mode dans les écoles pour rester toujours sous le feu des projecteurs entre eux et même devant les enseignants.

« La mode ne fait pas bon ménage avec l’école ». C’est l’avis de M. EMINI, surveillant général coordonnateur au Lycée Bilingue de Mendong. Mais, cet encadreur ne fait pas que penser. Car, il est aussi passé à l’action. A tous les élèves du lycée Bilingue de Mendong, il n’arrête pas de crier et de rappeler que la mode est un ennemi de l’école. Et parfois, M. EMINI n’hésite pas à sévir. Cette détermination vient à point nommé, au moment même où les comportements vestimentaires des élèves causent de plus en plus problème aux responsables des établissements.

En effet, la tenue, qui à l’origine, était destinée à uniformiser les élèves est devenue fashion. Chez les garçons, on a le pied « slim » et les filles le raccourcissent leur robe jusqu’au-dessus des genoux. Au grand bonheur des couturières qui n’hésitent pas à venir chercher client même devant les établissements à chaque rentrée scolaire. Pour Solange (37 ans), c’est l’une des périodes les plus saturée et florissante de l’année. « Pour chaque rentrée, nous cousons les tenues normalement selon différentes tailles, mais nous savons qu’après l’achat, certains demandent à « cintrer », c'est-à-dire à faire des retouches. Ce  travail supplémentaire coûte généralement entre 1000 et 500 FCFA », explique la couturière.

Si pour la tenue on est contraint de respecter le code couleur, il existe une échappatoire dans  le grand univers des accessoires de mode, un domaine bien plus libéral. Eh oui, la mode n’est plus au sac à dos d’écolier, car, les sacs à main de ville et les « fourre-tout » dictent leur loi. Les bijoux sont aussi sollicités. Quelle que soit la matière : des plus classiques aux plus chics, tout y passe. Boucles d’oreilles extravagantes et aux couleurs prononcées, sans oublier les bagues et gourmettes.

Un maquillage discret fait l’affaire : épilation des sourcils, fond de teint, brillant à lèvre. Les coiffures ne sont pas en restent. Il est possible quelquefois de glisser discrètement des extensions dans les tresses ou encore les rais décalés et les crêtes chez les garçons. De la tête aux pieds, les chaussures se font aussi remarquées. Les chaussures à talons, les sandales et les espadrilles font la pluie et le beau temps. Sans oublier que le choix des couleurs même subi les effets de la mode : il y a quelques temps le violet était tendance et aujourd’hui la place est aux couleurs rouge et jaune.

Pour que le bal soit complet, les appareils électroniques se mêlent à la danse avec tous ces téléphones androïdes, tablettes…qu’on utilise une fois loin des yeux des encadreurs.

Pourquoi la mode fait-elle autant fureur chez les jeunes ? Les raisons évoquées sont de plusieurs ordres. Mais il est évident que tout ceci, c’est d’abord pour se faire remarquer par ses camarades. Jessica, élève en classe de première, est d’ailleurs de cet avis. « Quand je viens à l’école, je dois tout faire pour rester swagg même si je porte la tenue comme tous les autres élèves. Je dois apporter ma touche personnelle pour être différente… et mes copines font pareil, ça permet de pas nous fondre dans le masse et nous confondre aux autres », fait savoir la jeune fille.

Il est néanmoins évident que, la plupart des établissements proscrivent ces habitudes vestimentaires, mais la détermination de certains les amène à violer les règles de discipline. « Je sais, je cours le risque de me faire prendre par le surveillant, ce qui n’est d’ailleurs pas nouveau. Au pire des cas, je me fais renvoyer pour toute la journée. Mais c’est plus fort que moi… », Continue Jessica.

Ce problème de déviance vestimentaire en milieu scolaire est d’autant plus sérieux qu’il s’est transporté dans les universités. Qui aujourd’hui adoptent des mesures drastiques pour imposer un style vestimentaire un peu plus décent.



Vanessa Ngono

Etudiante en master II à l'université de Yaoundé I