Musique: Le Mbole fait sa révolution
Ce rythme musical né dans les ghettos de Yaoundé s’impose dans l’univers musical camerounais et africain. En l’espace d’une année, il a permis de révéler sur la scène musicale pas moins d’une dizaine de jeunes artistes en herbe.
A 26 ans, Andegue Irène n’a qu’un seul rêve. S’imposer comme la « queen du Mbole », un genre musical qui force le respect au Cameroun depuis quelques années. Déjà un single à son actif, l’interprète de « allons-y » croit en son rêve et pour la guider, elle a choisi de se faire parrainer par Petit Malo, l’un des précurseurs de ce rythme. « Je sais que j’ai un don pour la musique, j’aurai pu choisir de l’exercer dans un autre style comme le Bikutsi ou l’Afro beat mais j’ai choisi le Mbole parce que c’est ce qui me ressemble le plus, qui exprime le mieux mon caractère, ma façon de voir la vie. Avec le Mbole je peux parler sans codes de ce que je suis. J’ai grandi à Etam Bafia, vous comprenez pourquoi je suis attachée au Mbole ».
De son nom d’artiste Irène l’Injection, la jeune fille fait partie du grand nombre de jeunes que ce style musical attire. Normal. On dirait même que le Mbole a le don de révéler les talents. Depuis déjà près d’une année, les révélations musicales s’enchainent : Joël La Fleur et son « Mimbong », Happy et son « TchapeuTchapeu » ou encore Le Pimenteur Nyang avec son « Le Mbole » sont les exemples les plus significatifs.
Le Mbole, le rythme du kwatta
C’est à Nkoldongo, un quartier populaire de Yaoundé, capitale camerounaise que le Mbole a vu le jour sous l’inspiration d’Aristide Mpacko, un compositeur de musique Mbole originaire du Littoral. Aristide a fait de Nkolndongo sa muse. Avec lui, le rythme a fait ses classes dans les veillées mortuaires. Au début, pas besoin de trop de choses pour faire du Mbole. Juste une bonne dose d’inspiration et ses mains pour donner la cadence. Petit à petit, le Mbole est sorti des veillées pour conquérir les bars, les boites de nuit et autres points d’ambiance. Mais c’est en 2016 que le rythme musical va connaitre son apogée lorsque Petit Malo, va le transporter dans les studios pour enregistrer son single « dans mon kwatta », une chanson qui nous fait la visite guidée de Nkolndongo, terre du Mbole. Désormais, le Mbole a de nouveaux codes. Les instruments sont admis et les influences des danses traditionnelles telles que le Bikutsi, le Mbala, sont visibles. De l’improvisation d’animation, on passe à des textes bien écrits à l'avance. A ce titre justement, Petit Malo s’amuse dans cette chanson à annoncer une conclusion à son histoire.
Au-delà du show, le message a séduit
Les « mboleyeurs » sont unanimes. Tout le monde se reconnait dans les thématiques développées par le Mbole. Les premières inspirations sont tirées du quotidien des quartiers tels que Nkoldongo, Mvog Ada et Etam Bafia. Ici, on parle du « gué » (appellation locale du chanvre), du football, du multiculturalisme et de l’amour. De plus, le langage dominant dans les chansons qui est francamglais, est connu de tous les jeunes camerounais. Cela sonne comme un cri de ralliement pour toute la jeunesse.
Tout ce mélange fait du Mbole un incontournable de la musique urbaine camerounaise au point de devenir une source d’inspiration pour des artistes d’autres styles musicaux. C’est le cas de Roger du groupe X-Maleya qui dans son titre « Piripipi » a été influencé par l’originalité Mbole ou encore Michael Kiessou dans le titre « MboléBennam ».
Comme le Coupé décalé en Côte d’Ivoire, le Mbolè fait sa révolution en Afrique. Le style musical impose son rythme dans les Clubs et les chaines de télévision panafricaines comme Trace. Ses stars : Petit Malo, DJ Lexus, Petit Bozard ne sont plus des noms inconnus sur le continent.