Les cours du soir, choix particulier pour des jeunes en situation délicate

Autrefois réservés aux personnes adultes et aux jeunes déjà engagés dans des activités professionnelles, les cours du soir sont de plus en sollicités par les jeunes. Cependant, il est important d’en mesurer l’efficacité et l’impact éventuel sur ta vie avant de t’y engager.

Les cours du soir, l’option qui sauve

A la suite d’une grossesse non désirée qui l’a obligée à interrompre ses études pendant deux ans, Chancelle (18 ans), a dû choisir les cours du soir pour mieux s’occuper de sa fille.  Pour certains, ce sont les échecs à répétition dans le système classique des cours du jour qui les a conduits vers cette option. Pour d’autres encore, ils n’ont pas vraiment eu « le choix ». « Après plusieurs tentatives infructueuses de mon père pour m’inscrire dans un lycée, il m’a orientée en cours du soir. Car, les frais de scolarité n’étaient pas très élevés comme dans les collèges », justifie Cassandra, 18 ans Autant de raisons qui prouvent que l’école en soirée est nécessaire. Charlotte (27 ans), titulaire d’un master, explique : « c’est en faisant les cours du soir que j’ai obtenu mon BEPC, mon probatoire et mon baccalauréat ». En somme, on peut noter plusieurs raisons qui poussent les jeunes vers les cours du soir. D’où l’intérêt de se pencher sur les raisons de leur instauration dans le système éducatif au Cameroun.

La qualité des enseignements

Victimes de leurs succès, les cours du soir au niveau de l’enseignement secondaire se sont grandement développés. Ce qui pose un sérieux problème d’encadrement. Les promoteurs n’hésitent pas à recruter à tout vent. Il devient donc plus facile d’embaucher des individus sans aucune formation dans le domaine de l’enseignement, un marché d’emplois pour les étudiants et diplômés de l’enseignement supérieur qui peuvent exercer cette fonction sans expérience et diplôme de qualification, indique monsieur Tsoungui, surveillant général au lycée d’Efoulan. Au niveau des horaires, les élèves ont en moyenne, quatre heures de cours par jour. C’est pour cela qu’il est toujours difficile d’achever le programme d’une matière », affirme Jourdain Mevegue, enseignant en cours du soir, au collège Père Matthieu et au lycée d’Efoulan. Par ailleurs, les apprenants sont soumis à un rythme infernal d’heures de cours de différentes matières sans pause. « La mémoire étant soumise à une pression aussi importante, l’élève aura des difficultés pour bien assimiler certaines leçons », explique Owona Owona, professeur d’histoire-géographie au lycée de Minkam au quartier Odza, à Yaoundé.

Les cours du soir : faire face  au danger

« Un soir, mon prof a retenu mon porte-monnaie et refusait de me le rendre. Une fois tous les élèves partis, il m’a saisie de force et m’a violée. Il m’a alors reproché que c’était ma faute car, j’avais refusé ses avances », explique Stella (23 ans). Ainsi, dans la pénombre de la nuit, et le silence des salles de classe vides, certains enseignants, et même certains élèves en profitent pour se livrer à des pratiques peu conventionnelles. Outre les problèmes de dispense des cours, on enregistre de nombreux cas d’agression. C’est le cas de Carine, 20 ans. « Un soir, en rentrant des cours du soir, j’ai été agressée dans mon quartier. Ce soir-là, le prof de maths nous avait retenu jusqu’à 22 heures, pour une évaluation ».

Les précautions à prendre

Pour ceux qui « n’ont pas vraiment le choix », il faut juste prendre quelques précautions. Eviter les coins obscurs aussi bien dans l’établissement, que sur le chemin du retour des cours du soir. Pour les filles, il est conseillé de se faire accompagner d’un(e) camarade de confiance. Dans le cas contraire, tu peux demander à un proche de  venir te chercher. Autre mesure, toujours privilégier des pantalons jeans pour les filles. Eviter les minirobes, les jeans « taille-basse », en résumé les tenues légères. Aussi, sortir en groupe et ne pas trainer seul dans les classes ni sur le chemin de retour. Par ailleurs, l’établissement choisi pour les cours du soir ne doit pas être trop éloigné de ta maison. Ceci, afin de t’éviter des longues marches, ou pire encore les agressions, très récurrentes aux heures tardives.

Joël Manga Kede, avec l’appui de Jourdain Mevegue, professeur de sciences physiques en cours du soir, au collège Père Matthieu, et d’Owona Owona, professeur d’histoire-géographie au lycée de Minkam