Donny Elwood : Sacrée Offrande
Le nez gros et beau, rigolo et efficace, chapeau large bord, le négro est resté égale à lui-même. Tant dans sa posture que dans ses textes. Donny Elwood chante une fois de plus en riant, en titillant, et surtout en caricaturant.12 ans après son absence, il refait surface avec « Offertorium », son troisième opus. Une véritable offrande de neuf titres, calquée sur les tares de la société d’ici, et d’ailleurs.Un voyage musical riche en sonorités et rythmes dont le bol, (Sud), le bikutsi, (centre), le makossa, (Littoral), le Jazz, pour ne citer que ceux-là, y sont fortement présents. Fidèle à son style, Le parolier de renom, enchaîne des rimes en français et en ewondo, langue locale au Cameroun, racontant avec humour et pertinence, les épopées de « Ebodé ». Jeune africain ordinaire, et braconnier de son état, il a la particularité d’être vraiment illettré. L’histoire de « Patrick » quand à elle, est particulièrement osée. Fils de Duc, ce garçon passe tout son temps à vendre des pseudos bouts d’Afrique, au premier venu chez lui en Europe. À ranger également dans ce registre, La probité, les inégalités sociales entre riches et pauvres, l’ingratitude, qui sont autant de thèmes que l’ancien étudiant de lettres française à Ngoa Ekellé, aborde avec détente et ironie. L’album qui, pour des raisons techniques n’est pas encore dans les bacs, à donner des saveurs suaves aux mélomanes de Yaoundé, lors de sa présentation officielle, en Avril dernier. Vivement que cette autre ballade de celui qu’on appelle affectueusement le pygmée national ne soit plus d’une longue attente. Albert Dieudonné Ella Ewoudou, de son vrai nom, est sorti de l’anonymat avec des textes comme «Cousin militaire», «Akao Manga», «Anabela», «Turlupiné» et bien sûr, «Négro & Beau », dès les premières lueurs de sa carrière en 1996. Ce troisième album, enregistré au Cameroun, s’annonce peu dansant, mais surtout, plus interpellateur et très moralisateur. Un style cher à ce ressortissant de la foret du Sud Cameroun, dont les 45 piges qu’il traîne aujourd’hui sur le dos, n’ont rien enlevé à sa voix.