Mariage précoce : Sois belle et tais-toi !

Généralement consenti sans l’avis de la jeune fille, le mariage précoce constitue l’une des formes les plus récurrentes d’abus et de violences à l’égard des jeunes filles.  

« Je me suis réveillée un matin dans l’innocence de mon adolescence et le soir je me suis couchée auprès d’un homme plus âgé que mon père et que je devais désormais considérer comme mon mari ». C’est ainsi qu’Aicha, 30 ans, décrit son passage de l’adolescence à la vie de femme. Elle avait seulement 15 ans quand ses parents ont entrepris de la marier. Une aventure à laquelle elle n’était visiblement pas préparée.

La pratique des mariages précoces et forcés constitue l’une des formes les plus récurrentes de violences faites aux femmes, de discriminations à l’égard des filles et d’abus envers les enfants. Selon l’Unicef, 28% des filles sont mariées avant l'âge de 18 ans au Cameroun.

Ces mariages qui scellent souvent des liens entre deux familles, ne tiennent généralement pas compte de l’avis de la jeune fille, dont les pleurs et les cris sont muets.

« C’est vraiment douloureux de voir ses rêves se briser alors qu’on est impuissante.  Ça l’est encore plus, pour celle qui comme moi, avait déjà entamé un cursus scolaire » ajoute Aicha, les yeux pleins de larmes.   

Plusieurs raisons sont évoquées pour « justifier » cette pratique. D’une part, des raisons économiques avec en exergue, le paiement de la dot. D’autre part, les considérations religieuses et culturelles. Certaines religions considèrent la femme inférieure à l’homme, ce dernier peut donc, décider pour elle et disposer de son destin comme bon lui semble. Mais, quel que soit le motif évoqué, le mariage forcé laisse des traces dans la vie des victimes sur le plan psychologique et parfois physique.

Pour donner la parole aux jeunes filles victimes, un mouvement mondial dénommé Girls Not Brides (fille, pas épouse) a lancé depuis 2011, une campagne qui vise à mettre fin au mariage des enfants et à permettre aux filles de réaliser leur potentiel. Le mouvement regroupe plus de 13 000 associations de la société civile de plus de 100 pays engagés à travers le monde. Cette campagne est relayée au Cameroun par des associations telles l’Association de lutte contre les violences faites aux femmes (ALVF), le forum des femmes autochtones du Cameroun, l’association camerounaise des femmes juristes



Vanessa Ngono

Etudiante en master II à l'université de Yaoundé I