Dans les coulisses des concours : le parcours du combattant

 Avoir des diplômes c'est une chose, mais réussir à un concours académique ou professionnel est un challenge constitué de défis dès la constitution de dossiers passant par les examens et la proclamation des résultats définitifs. Ton site a suivi une Jeune étudiante, dans son parcours de candidate au Concours de la gendarmerie.

Marie Ange Bayala, étudiante, a décidé de participer au concours d’entrée à la gendarmerie. Comme de nombreux jeunes Camerounais, elle rêve de devenir agent de l’Etat. Obligée de passer par la case concours, elle réalise au fil des étapes combien la démarche n’est pas facile. Rencontrée par hasard dans un bus de transport en commun venant de Douala pour Yaoundé, c'est son air pensif qui attire l’attention du reporter.  Après une longue conversation tout le long du voyage, Marie accepte de se faire suivre pour le reportage de réglo.org.

La prise de contact : l'arrêté du concours

Nous avons retrouvé Marie un lundi aux services du gouverneur à Yaoundé. Quelques jours après le lancement du concours elle est venue s’enquérir des formalités à remplir pour postuler. Stylo à main, elle parcourt du regard les fiches imprimées et pointe sur la ligne renseignant sur le nombre de place disponible. Alors que de milliers de jeunes sont demandeurs, les concours offrent parfois moins de 100 places.  Pour notre jeune étudiante, le concours convoité dispose de 300 places. « Si je bosse dur, je pourrai être l’une des 300 personnes sollicitées. » Déclare Marie avec un léger sourire. Pour être candidat au concours de la gendarmerie, il faut être âgé entre 17 et 23ans, avoir le diplôme requis et le casier judiciaire vierge. Ces critères sont primordiaux, car dans les forces de l’ordre, la jeunesse du candidat, son intégrité et sa sagesse sont des gages de son efficacité et de son endurance sur le terrain. Marie a 21 ans, un casier et le diplôme requis. Elle peut donc se lancer !

La constitution du dossier : le baptême de feu

Une semaine plus tard, Marie Ange est en plongée dans la constitution du dossier. Etape très difficile pour l’étudiante en cours de licence dans la ville de Douala. Elle est née dans un village voisin de la ville de Yaoundé, et devra y aller pour faire son casier judiciaire, délivré uniquement dans la ville du lieu de naissance. « Le voyage et le document peuvent coûter environ 10 à 15 milles franc de dépenses en plus de l'effort physique fourni », nous dit-elle. Les plus astucieux demandent de l'aide à un proche vivant dans la ville du lieu de naissance. Après le voyage, Marie poursuit sa quête. Dans ses courses, il faut établir le Certificat de Nationalité au Tribunal, faire légaliser l’acte de naissance et les diplômes à la mairie et à la préfecture. Chaque pièce à faire légaliser demande un timbre communal de 500 FCFA ou fiscal de 1000 FCFA et parfois les deux types de timbre. L’ensemble du dossier coutera au moins 20 milles Fcfa. Pour ceux qui résident ailleurs, les coûts sont encore plus élevés.

Le dépôt des dossiers : L’épreuve ultime

Avec un dossier bien ficelé, les parents de l’étudiante ont payé les frais de concours et elle s’est rendue au lieu de dépôt. « Lorsque j'arrive devant le portail du lieu de dépôt, j’étais confiante. Je me disais ‘’enfin la dernière étape de ce long, difficile et onéreux périple’’. Mais, grande fut ma surprise quand on m’a dit ‘'revenez demain très tôt à partir de 4h. On ne prend plus les dossiers aujourd’hui '’ il n’était que 11h. J'ai repris le chemin SOA chez mon grand frère. Le lendemain, j’ai sauté dans le premier bus pour la ville. Me demande le Mr en tenu. C'est pour les sous affiches Mr. Mettez-vous en rang par là. Il y’avait du monde. 1h, 2h,3h on est là sous le soleil mais rien ne bouge. C’est au bout de 4h d’attente que j’ai pu aller payer au guichet. Je suis donc entré en possession de mon récépissé me permettant d’être candidate au concours ».

Les étapes de composition : visite médicale, sport, écrit et oral

Après l'obtention de son récépissé de dépôt, Marie Ange est retournée chez ses parents à Douala. A l'affiche des listes de personnes retenues pour le concours, elle a été obligée de rentrer à Yaoundé pour le début des épreuves : visites médicales et le sport. La première journée a été celle des visites médicales nous raconte t'elle : « Je ne m'attendais pas à ce qu'on me demande d'enlever tous mes vêtements pour être consulté du haut en bas en plus par un homme. La honte de ma vie. Ma taille, mon poids, mon anus…, sont entre autres les exemples des vérifications qui ont été faites ce jour. » nous dit-elle « un vrai parcours de Warrior, entre course de vitesse, lancé de poids où grimper à la corde. Toutes ses épreuves sont éliminatoires car lorsque ses officiers de l’armée rencontrent une maladie, un handicap ou si les aptitudes aux épreuves sportives sont mauvaises, c'est l’élimination directe ». C'est triste de se voir éliminer au tout début de la compétition sans pouvoir faire ses preuves à l’écrit. « Je souhaite de tout figurer parmi les personnes autorisées à concourir à l’écrit pour leur montrer ce que j'ai dans la tête car je n'ai pas été très brillante pendant les épreuves sportives ». La phase écrite du concours est la plus sélective et se déroulera dans les prochains mois.

Proposé par Rachel Belek avec l’appui BAYALA Marie Ange Étudiante en comptabilité à l’Université golfe de Guinée Douala.

http://www.reglo.org/posts/les-filieres-porteuses-5111



Rachel BELEK

Étudiante en L2 Droit privé à l’université de Yaoundé II Soa et reporter pigiste dans le magazine 100% jeune