Journée mondiale du braille : « Ma famille se disait que c’était un gaspillage de m’envoyer à l’école »

Malvoyante depuis sa naissance, Gisèle Guedong réussit grâce au Braille et à son courage à s’intégrer dans la société malgré les expériences douloureuses de sa vie.

Agée de 30 ans, Gisèle Guedong est née à Baleving, village situé dans le département de la Menoua à l’ouest du Cameroun. Elle est atteinte de la rétine pigmentaire, une maladie génétique qui se caractérise par une perte progressive et graduelle de la vision. Il a fallu plusieurs années pour que ses parents s’en aperçoivent. De ce fait, Gisèle a d’abord été inscrite à l’école classique. « Lorsque je partais à l’école, j’écrivais en dehors des lignes, je me heurtais très souvent au mur, je confondais beaucoup de choses. Cela me valait parfois des bastonnades, et des injures. C’est lorsque papa a changé le plan de la maison et quand on a constaté que ça devenait récurrent, que l’on m’a amenée à l’hôpital. »  Raconte-t-elle.

Pourtant, après la découverte de sa maladie, ses souffrances ne se sont pas arrêtées.  « Autour de moi, ma famille se disait que c’est un gaspillage de m’envoyer à l’école, qu’il fallait que je reste à la maison, que mes frères et sœurs lorsqu’ils vont travailler, vont s’occuper de moi ». Un discours auquel les parents de Gisèle ne cèdent pas. Ils l’inscrivent dans un centre pour aveugles et malvoyants dans la région du Nord-Ouest. « Là-bas, j’ai commencé à utiliser le braille qui a vraiment changé ma vie. Après le baccalauréat, je suis allée poursuivre mes études à Dschang. Ainsi, le Braille est devenu l’outil de travail principal de Gisèle, inscrite en thèse de doctorat à l’université de Dschang option sociologie rurale.

Système d’écriture tactile destiné aux personnes malvoyantes, le Braille est selon l’Union Mondiale des Aveugles (UMA) un outil essentiel en termes d’éducation, de liberté d’expression et d’opinion, ainsi que d’inclusion sociale. C’est pour souligner son importance dans la réalisation des droits des personnes malvoyantes et aveugles que la Journée Mondiale du Braille est célébrée le 4 janvier, depuis 2019.

De multiples organisations au Cameroun, à l’instar du Club des Jeunes Réhabilités Aveugles du Cameroun (CJARC) soutiennent les personnes vivant avec un handicap visuel, par le biais de la formation. Depuis 2019, Gisèle Guedong a rejoint le CJRAC et est responsable de l’accueil et de l’accompagnement psychosocial des enfants.