Je suis une PVVIH et je reste une personne à part entière…

La vie n’a jamais été rose pour moi. Quand j’ai été dépistée séropositive en 2009, j’ai cru que le ciel m’était tombé sur la tête. Suite à une prescription médicale, je me suis engagée à faire le test. Par la suite,  j’ai commencé à subir le regard des autres. En effet, le matin, quand je suis arrivée dans un laboratoire de la place pour faire mon test, tout le monde était souriant et gentil. Mais, le soir quand je suis revenue prendre les résultats, le personnel est devenu distant et me pointait du doigt  J’ai compris avant même de voir mes résultats que j’avais été testée positive au VIH. Pire, au moment où je quittais l'hôpital, j'ai constaté une haie sur le balcon animée par des murmures. Tout avait changé pour moi.

J’étais  à la recherche  du réconfort  et je me suis tournée naturellement vers mes proches à qui j’ai annoncé la nouvelle. Ma mère d’abord, mes frères ensuite qui se sont chargés de divulguer la nouvelle aux autres membres de la famille. Mais, contrairement à ce que je croyais, elle m’a tourné le dos. Je recevais de la part de mes proches des SMS anonymes, injurieux et menaçant à la limite, ce n’est que des allusions telles que « Oublies que tu fais partie de notre famille » qui me révélaient  que c’était un membre de la famille. Quant à mon compagnon, malgré le choc qu’il a eu, il a décidé de rester avec moi, mais plus par pitié que par amour.

Après tous ces mauvais épisodes,   j’ai décidé de sortir la tête de l’eau. J’ai intégré une association de Personnes vivant avec le VIH (PVVIH) (EVICAM), où je me suis beaucoup informée sur le sujet. J’ai commencé à prendre mon traitement, j’ai même fait des formations en informatique et en infographie. Formations, qui aujourd’hui m’ont ouvert la porte d’un emploi que j’aime et qui me permet de gagner ma vie et d’avoir une notoriété à l’international. Mon statut sérologique n’a pas été un frein à mon emploi actuel, bien au contraire, je travaille dans un environnement où je suis traitée au même titre que les autres.

Le conseil que je donne aux autres PVVIH est d’accepter leur statut sérologique, car c’est là le début de la solution. Aux personnes saines, je dirais que la stigmatisation et la discrimination tuent plus que le virus lui-même et, il est important de distinguer le soutien de la pitié. Nous n’avons pas besoin de pitié mais d’amour et de soutien comme toute autre personne « normale et saine »

Marlyse, Jeune PVVIH Propos recueillis par Vanessa Ngono



Vanessa Ngono

Etudiante en master II à l'université de Yaoundé I