« Être mère à l’adolescence ne signifie pas qu’on a raté sa vie »

Mr Joël Djatche, Psychologue clinicien, fondateur de l’association Univers-Psy (UNIPSY) nous parle des grossesses chez les adolescentes.

  1. La différence entre grossesse précoce et grossesse non désirée

Une grossesse précoce est une grossesse qui survient à l’adolescence, avant l’âge de 18 ans. Lorsque le corps n’est pas encore apte à recevoir un enfant. Il faut cependant souligner que le caractère de précocité peut être interprété différemment d’une société à une autre. Mais généralement, trois facteurs à savoir biologiques, psychologiques et sociaux sont pris en compte dans la définition d’une grossesse. Par contre, une grossesse non désirée est tout simplement une grossesse qu’on n’a pas voulue, qui arrive de manière accidentelle. Toutes les grossesses non désirées ne sont pas forcément précoces.

  1. Quelles peuvent être les causes des grossesses précoces ?

A l’adolescence, le corps subi beaucoup de transformations. Il y’a des changements sur les plans psychologique et physiologique qui entraînent la montée des pulsions et le désir de découverte. C’est généralement cela qui pousse les jeunes à vouloir découvrir la sexualité ou vérifier si son corps est « okay ». Dans plusieurs cas, le manque d’expérience, conduit à une grossesse.

Il y’a aussi des modalités inconscientes que même les jeunes filles enceintes ne peuvent expliquer. Il y’a celles qui tombent enceintes juste par rivalité avec leur mère ou encore parce qu’elles sont révoltées contre elle-même et veulent faire souffrir leur corps ou juste pour imiter les autres. Il existe plusieurs phénomènes comme cela qui influence inconsciemment les adolescentes.  Sur le plan social, cela peut être dû aux considérations culturelles qui peuvent être les mariages précoces

  1. Comment aider les jeunes filles victimes de stigmatisation et de discrimination parce qu’elles sont enceintes ?

Tout part d’abord de la conception que la société a de la jeune fille-mère, on estime qu’elle est une fille aux mœurs légères ou qu’elle a une éducation ratée. C’est cela qui nourrit les gestes discriminatoires et stigmatisant à leur endroit. Ce qui n’est pas vraiment utile, alors qu’elles subissent déjà une grande pression : entre la crise de l’adolescence et la crise de la maternité. C’est pour cela qu’il faut mettre en place des mesures d’accompagnement pour ces jeunes filles. Et cela doit se faire au niveau de la famille, de l’école et encadrer par des politiques publiques.

Quand ce soutien est garanti au minimum, la jeune fille elle-même peut se lancer dans la reconstruction de sa vie. Oui il y’a un enfant, oui les conditions deviennent plus difficiles mais elles doivent se dire que l’aide des autres ne vaut rien sans leur consentement. Et puis, pour celles qui sont discriminées, la solution, c’est d’être courageuse et se dire qu’on doit se battre pour deux désormais. Bien s’entourer, se rapprocher des filles qui ont déjà vécu cette situation pour un partage d’expérience. Être mère à l’adolescence ne signifie pas qu’on a raté sa vie.



Vanessa Ngono

Etudiante en master II à l'université de Yaoundé I