Discrimination et stigmatisation des PVVIH : cas d’un ange de la nuit

Le quotidien des personnes vivantes avec le Vih/Sida n’est pas facile. Mais si c’est le cas pour ceux qui sont dans la vie courante, pour ceux qui exercent dans les domaines où la concurrence est présente ce l’est encore plus.


Une enquête auprès des travailleuses du sexe de Bamenda m’a permis de faire la connaissance de certaines d’entre elles avec des histoires différentes. J’ai aussi eu l’occasion de connaitre l’une d’entre elle qui  est PVVIH. Je la nommerai Suzie. Elle est âgée de 27 ans et vit avec d’autres filles de cette moyenne d’âge dans un camp situé derrière un bar qui est le lieu où elles trouvent la plupart des clients qui s’offrent leurs services.
C’est en 2005 qu’elle a découvert qu’elle était infectée. Elle s’est lancée dans la prostitution en 2003 après le décès de ses parents. Elle avoue que quand elle a commencé à Buea, il y avait deux filles avec qui elle partageait une chambre, qui avaient contracté le virus. Elle témoigne que ce n’était pas facile pour elles car avec la maladie, les autres filles trouvaient le moyen de les mettre les bâtons dans les roues en dévoilant leur statut sérologique pour récupérer tous leurs clients. Le voisinage et même les voisins  avec des expressions dénigrantes du genre « allez avec votre sale maladie là loin », « la tombe vous guette faut rentrer au village ». Le boutiquier et les vendeuses refusaient de toucher la moindre chose qui venait d’elles. Il a fallu un mois pour que la ville l’apprenne et qu’elles deviennent Persona  Non Grata.
Suzie découvre son statut après  un check up et décide de quitter Buea pour s’installer à Bamenda. Elle continue ce métier mais me confie qu’elle se protège, n’a dévoilé son statut à quiconque, se rend à l’hôpital régulièrement pour  faire des examens mais surtout pour prendre ses ARV.  Son quotidien n’est certes pas facile car elle doit prendre toutes les  précautions pour garder ce secret, mais elle m’avoue « c’est le prix à payer quand on est PVVIH et que l’on se rend compte que les êtres humains, ceux que l’on croit être nos proches, dans une telle situation, peuvent devenir de vrais ennemis ».

 

S. A



La rédaction

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