Portrait : elles utilisent leur talent pour rester autonome

Ces jeunes filles scolarisées mènent une deuxième vie d’ « entrepreneuses en herbe ». Une manière de gagner leur autonomie dans un environnement social qui condamne souvent la femme à dépendre des hommes.

Alice, jeune étudiante, fait de la coiffure sa deuxième activité. « Je sais faire des tissages et beaucoup de femmes ne savent pas le faire ou sont trop prises pour le faire à leur fille. C’est de ce constat que m’est venue l’idée de proposer mes services à des femmes dans mon quartier. Actuellement, environ une dizaine de femmes m’apportent leurs enfants tous les weekends, en raison de 500 FCFA la tête. Cet argent, je le repartie soigneusement entre dépenses quotidiennes et mon épargne. Il faut avouer que cela me permet de ne plus dépendre financièrement des autres et aussi de m’assurer un avenir dans mes études ».

Flore, élève au lycée technique de Yaoundé, en industrie de l’habillement, est devenue par la force des choses la couturière de ses copines. Son truc, « slimer » les pantalons de ces dernières. « Au début, je faisais les retouches sur mes pantalons pour m’amuser et je me suis rendue compte que mon style attirait beaucoup de personnes. Peu à peu, j’ai commencé à avoir des commandes. Aujourd’hui, j’ai à peu près une commande tous les deux jours. Les commandes varient en fonction de la qualité des retouches à faire. Ma commission tourne entre 300 et 1000 FCFA. Et comme je n’ai pas encore de machine à coudre, j’utilise celle de la couturière du quartier à qui je donne 150 FCFA par opération. Cette activité me permet de m’assumer toute seule »,

 

Sarah à 14 ans, a développé une activité commerciale. Elle vend des bonbons au lait et à l’arachide fait maison. «  J’ai appris cette recette de ma grand-mère et avec tout juste 700 FCFA de capital, j’ai eu envie de me lancer dans ce business. Le succès de mon activité réside dans son originalité. Car, je change des bonbons classiques que j’achète sur le marché en bonbons au lait et à l’arachide. Pour ne pas être embarrassée entre mon affaire et mes études, je fais les bonbons uniquement les mercredis et les dimanches soir. Cette activité me rapporte environ 1500 FCFA la semaine, que je réserve pour  me faire plaisir ».

Comme elles,  plusieurs autres jeunes filles ont choisi l’entreprenariat pour s’affranchir de la dépendance. Elles déposent des seaux d’œufs cuits dans les boutiques, elles ont des call-box sur le campus, des bijoux, bref à chacune sont truc, façon de ne pas croiser les bras.



Vanessa Ngono

Etudiante en master II à l'université de Yaoundé I